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HISTORIQUE



L'histoire des relations franco-brésiliennes s'étend sur cinq siècles.

LE BRESIL COLONIAL
Dès 1503, le capitaine Binot PAULMIER DE GONNEVILLE quittait Honfleur pour le Brésil et accomplissait les premiers échanges commerciaux qui devaient, à partir de 1550, se centrer sur le bois.


LA FRANCE ANTARCTIQUE
C'est en 1555 que Nicolas DURAND DE VILLEGAIGNON fonde sur une île de la baie de Rio de Janeiro la France Antarctique, communauté qui devait servir de refuge aux fidèles de l'Eglise de Calvin. Mais des différends de caractère théologique créèrent bientôt de nombreuses divisions qui ont permis aux Portugais de chasser cette colonie en mars 1560. La présence des Français au Brésil continua malgré cet échec: les éléments restants se réfugièrent sur le continent. Ils élargirent par la suite leur zone d'influence et participèrent à la conquête du Nord-Est du Brésil.


LA FRANCE EQUINOXIALE
En 1595, le capitaine RIFFAUT entreprit, mais sans succès, la conquête du Maranhão. Il rentra en France, laissant sur place une partie de son équipage. En 1612, Daniel de LA TOUCHE lança une nouvelle expédition dans cette région et y fonda une colonie, la "France Equinoxiale", dont la capitale a conservé jusqu'à nos jours le nom de São Luis, en hommage au Roi de France. Alertés par la prospérité de cette colonie française, qui compta rapidement 12.000 personnes, les Portugais résolurent de chasser les Français et, en 1616, Jerônimo de ALBUQUERQUE obligea LA TOUCHE à capituler.


LE XVIIIÈME SIECLE
Au XVIIIème siècle, alors que se développait la colonie portugaise, l'influence de la France alla diminuant, les relations du Brésil avec la France subissant les vicissitudes des rapports entre Paris et Lisbonne. Dans le domaine économique, quelques commerçants exerçaient leurs activités sur la côte du Nord-Est et fournissaient à la société de Bahia des étoffes et des produits français.En 1727, un militaire brésilien rapporta d'un voyage en Guyane un plan de café dont la culture se développa rapidement, grâce à quelques Français venus de l'île Maurice. Dans le domaine culturel, des franciscains, arrivés en 1695, étendirent progressivement leur action.


LE XIXÈME SIECLE
Au début du XIXème siècle, les oeuvres des Encyclopédistes étaient lues et commentées par les écrivains et les intellectuels de Bahia, de Rio (devenue capitale en 1765) et de Minas Gerais. Les idéaux révolutionnaires de 1789 éveillèrent et alimentèrent le sentiment national, provoquant des mouvements patriotiques dirigés contre la domination portugaise. En 1816, J. LEBRETON, secrétaire des Beaux Arts à l'Institut de France, vint fonder à Rio, l'école des Sciences et des Arts et Métiers. La proclamation de l' indépendance du Brésil en 1822 vint renforcer l'influence de la France. L'émancipation politique avait rendu nécessaire la formation d'élites. La France fut l'une des principales sources de recrutement à laquelle le gouvernement brésilien eut recours. A ce mouvement s'ajouta l'attirance spontanée des étudiants brésiliens pour notre pays.


LE POSITIVISME
L'introduction du positivisme au Brésil est le fait dominant des relations franco-brésiliennes au XIXème siècle. La philosophie développée par Auguste COMTE à Paris vers 1830, marqua d'une empreinte particulièrement forte les générations de dirigeants brésiliens à partir des années 1860. Le Brésil doit, entre autres, à cette influence, l'abolition de l'esclavage (1888), la Fondation de la République (1889), sa Constitution (1891) et son drapeau qui porte la divise "Ordre et Progrès", puisé dans l'enseignement d'Auguste COMTE.


LES RELIGIEUX FRANÇAIS
A partir de 1853, les religieux brésiliens firent appel à des religieux étrangers, principalement français. Parmi ces ordres encore présents: les Soeurs de la Charité, établies depuis 1849, chargées de la Santa Casa (Hôtel Dieu) à Rio de Janeiro et les frères Maristes qui, en 1949, ont fêté le cinquantenaire de leur arrivée.


LE XXÈME SIECLE
Les relations, notamment culturelles, entre la France et le Brésil étaient particulièrement denses vers le début du XXème siècle. Le français était parlé couramment dans les hautes classes sociales et São Paulo se trouvait à cette époque au coeur du mouvement, adoptant spontanément tout ce qui venait de France. Ainsi, dans l'entre-deux guerres, la France participera à la création de l'Université de São Paulo, aujourd'hui la plus réputée d'Amérique Latine. Cette influence ne se limitait pas à la culture. Des capitaux français affluèrent à partir de 1900 surtout pour financer la construction des ports, des chemins de fer et l'implantation d'industries. Dans le domaine militaire, une mission conduite par le Général Gamelin arrivait au Brésil en 1920, pour aider à transformer l'Armée brésilienne. Plusieurs écoles étaient alors créées, dont l'Ecole Supérieure de Guerre et l'Ecole d'Aviation. En 1939, la mission militaire, qui comprenait plus de 40 officiers, regagnait la France.


L'AVIATION
Lorsqu'il réalise en 1906, le premier vol mécanique du monde sur le terrain de Bagatelle à Paris, l'aviateur brésilien Santos DUMONT lance une riche coopération dans le domaine de l'aviation. Santos DUMONT est d'ascendance française... Dans les années vingt, la France occupe une place de tout premier plan dans la formation de l'aviation brésilienne. La mission assure l'entraînement des premiers pilotes de chasse brésiliens. En 1927, le banquier BOUILLOUX LAFFOND finance et organise avec Pierre LATECOERE, la compagnie Aérospatiale qui mettra en exploration la ligne d'Amérique du Sud. En 1930, Mermoz relie pour la première fois Dakar à Natal. Le 22 Avril 1942, le Brésil déclare la guerre aux puissances de l'Axe; deux divisions brésiliennes participent aux combats de la campagne d'Italie. Interrompues de 1940 à 1942, les relations entre la France et le Brésil reprennent après l'Armistice.


LES RELATIONS POLITIQUES
En octobre 1964, Le Général DE GAULLE effectue, dans le cadre d'une tournée latino-américaine, une visite officielle au Brésil qui sera suivie de nombreux échanges ministériels et d'une intensification de la coopération bilatérale. Nos relations seront rythmées par des visites régulières des Chefs d'Etat: le Président GEISEL à Paris en 1976, le président Giscard d'ESTAING au Brésil en octobre 1978, le Général FIGUEIREDO en France en janvier 1981. Le Président élu Tancredo NEVES sera reçu à Latché par le Président de la République quelques jours après son élection; après son décès, le Président MITTERRAND sera accueilli par son successeur José SARNEY en octobre 1985, en visite d'Etat. M. SARNEY se rendra ensuite par deux fois en France: en 1988 pour examiner les problèmes de la dette brésilienne et en 1989 pour représenter son pays aux célébrations du Bicentenaire. Fernando COLLOR DE MELLO visitera Paris pendant la campagne électorale. Il sera reçu officiellement un peu avant sa prise de fonction. Un système de consultations politiques annuelles a été mis en place au niveau ministériel entre les deux Ministres des Affaires Etrangères. De nombreuses visites ministérielles rythment les relations entre les deux pays (Ministre de l'Economie et des Finances, Envoyé Spécial du Président de la République pendant la guerre du Golfe, invitations réciproques de Ministres et responsables politiques). Il existe en outre des rencontres régulières entre les Chefs d'Etat-Major. Depuis trois ans, se sont notamment rendus en France les ministres brésiliens des Finances, des Affaires Etrangères, de la Marine et de l'Armée. Le Président Fernando HENRIQUE CARDOSO a effectué une visite d'Etat en France en Mai 1996. A cette occasion, les deux pays ont levé l'obligation de visa pour les voyages de tourisme et pour les hommes d'affaires. Yves GALLAND et Bernard PONS ont effectué chacun une visite officielle en 1996. Cette même année a été marquée par l'exposition industrielle FRANÇA 2.000 , à São Paulo, inaugurée par M. GALLAND et Michel PLATINI. 330 entreprises françaises y étaient représentées. En Mars 1997, Le Président de la République, Jacques CHIRAC fait une visite officielle au Brésil. A cette occasion, devant le Congrés brésilien, il lance l'idée d'un "Sommet entre l'Union Européenne et les Pays d'Amérique Latine et des Caraïbes" Fin 1998 , M. DONDOUX, Secrétaire d'Etat au Commerce Extérieur, fait une visite officielle au cours de laquelle il inaugure les nouvelles usines RENAULT à Curitiba. Début 1999 , Claude ALLEGRE se rend au Brésil en visite officielle et signe avec ses homologues brésiliens une série d'accords portant notamment sur l'utilisation des nouvelles technologies dans l'enseignement. Le Président de la République , Jacques CHIRAC, conduit, avec le Ministre des Affaires Etrangères , Hubert VEDRINE, la délégation française qui participe à la fin juin 1999, à Rio de Janeiro, au Sommet entre l'Union Européenne et les pays du MERCOSUL et entre l'U.E et les pays d'Amérique Latine et des Caraïbes.



Les Relations Culturelles Franco Brésiliennes


Les relations culturelles franco-brésiliennes ne datent pas d'hier et sont de grande envergure. Des livres de voyage nous révèlent à quel point la France, dont la présence au Brésil remonte aux temps des pionniers joua un rôle d'instigatrice, d'innovatrice en ces terres encore inconnues des Européens.
L'intérêt de la France pour le Brésil s'est manifesté immédiatement après la découverte de ce continent par le Portugal. Aux marchands et aux explorateurs des XVIème et XVIIèmes siècles ont succédé au XIXème, les philosophes et en particulier les positivistes qui ont marqué de leur empreinte la formation des élites locales. Les idéaux politiques et les valeurs culturelles françaises se développaient, suivis par les échanges commerciaux.
Jouissant d'une excellente réputation la France n'est jamais intervenue de manière brutale dans l'histoire du Brésil. Elle lui a même permis d'intégrer à son identité, bien avant les grandes immigrations, une composante européenne autre que celle de son colonisateur. Cette influence française, librement choisie et vécue, d'abord par une minorité élitiste, moins comme la figure réelle de l'autre que comme l'image idéale de soi, a paradoxalement ouvert à la majorité du pays la possibilité d'affirmer sa brasilianité. Un paradoxe qui n'est pourtant une surprise pour personne, car, depuis toujours, les deux pays entretiennent des relations particulières. " La France est restée très longtemps le rêve de civilisation des Brésiliens " comme le soulignait Marcos Azambuja, l'ambassadeur du Brésil en France. Ce Brésil que les Français connaissent depuis la découverte avec Gonneville, puis l'expédition de Villegagnon en 1555, a toujours été tourné vers la France, à laquelle il pense devoir, sinon son identité, du moins une meilleure connaissance de lui-même. Les premiers témoignages sur la culture des Indiens du Brésil furent vite relayés par Montaigne et Diderot, avec le mythe du "bon sauvage". Ce qui faisait dire récemment au sociologue et francophone Fernando Henrique Cardoso, actuel président du Brésil: " Il me paraît révélateur que la première lecture raffinée du Brésil venue de l'étranger ait été faite par un Français. Peu de cultures ont autant nourri la culture brésilienne que la culture française... La France a apporté une contribution vraiment intense à la formation de l'image que la société brésilienne s'est faite d'elle-même au long de son histoire. "
Depuis longtemps, dans l'espoir de s'affranchir de la tutelle portugaise et du puissant et influent grand frère nord-américain, les Brésiliens ont regardé vers un lointain parent appelé France. Enfin, pas si lointain qu'il y paraît, puisque depuis plusieurs siècles déjà la France partage avec le Brésil sa plus longue frontière terrestre en Guyane, 650 kilomètres de forêt amazonienne.
A partir de là, au cours des siècles, la diffusion des idées françaises des Lumières aux foyers intellectuels du Minas Gerais a directement contribué au mouvement de libération de l'esclavage au Brésil, et, réciproquement, la sensibilité française du romantisme s'est constituée à partir des représentations parfois imaginaires élaborées au contact de ce pays. Même "assimilation" avec les idées positivistes d'Auguste Comte, adoptées par la première Constitution de l'Etat de Rio Grande do Sul et qui deviendront la devise du drapeau brésilien "Ordre et progrès".
La société brésilienne a en effet une stupéfiante aptitude à métamorphoser, on peut même dire à cannibaliser, ce que dans un premier temps elle reçoit. C'est sa force, depuis toujours, avec toutes les cultures et particulièrement avec la France, dans les domaines où les échanges sont nombreux, tant économiques, que scientifiques ou culturels, et où elle ne sera jamais le modèle d'un Brésil qui serait la copie. La mission artistique française de 1816, avec l'arrivée des architectes, des sculpteurs et des peintres royalistes, puis républicains, due à l'invasion du Portugal par les troupes napoléoniennes, est un repère incontournable de ces relations.
C'est aussi le cas de la fameuse Semaine d'art moderne de São Paulo en 1922, conduite par Oswaldo de Andrade, à l'origine de l'émergence du Mouvement anthropophagiste, une étonnante et véritable affirmation culturelle brésilienne, réussie en "assimilant" la culture française, avec l'aide complice d'un Blaise Cendrars fasciné par le Brésil et de Fernand Léger. Cette fascination tropicale s'empara aussi de Claudel, de Darius Milhaud, de Bernanos et de Paul Landowski, qui sculpta le Christ du Corcovado, et du Corbusier, maître à penser d'Oscar Niemeyer. Plus près de nous, l'Ecole des hautes études en sciences sociales s'est constituée dans le creuset brésilien à partir des "Annales".
La création de la prestigieuse université de São Paulo, en 1934, répond aux même besoins. Plaque tournante des relations franco-brésiliennes, elle réunit les plus grands chercheurs français et brésiliens autour de Fernand Braudel et de Roger Bastide. Certains d'entre eux seront les professeurs de l'actuel président du Brésil. Claude Lévi-Strauss en fait également partie et y engage ses recherches du structuralisme et des "tristes tropiques".
Mais, à de rares exceptions près, c'est, contrairement aux pays lusophones, l'initiative et la dynamique de la société civile française bien autant que celles de l'Etat qui sont, dès le XVIe siècle, à l'origine des échanges entre les deux pays. L'Etat a ensuite accompagné ce mouvement qui s'est naturellement précipité. Tournée vers les nouvelles technologies, la jeune société brésilienne aspire à jouer un rôle majeur dans un pays qui ne peut plus être celui du personnage de Macunaïma, Indien devenu blanc avant d'être métamorphosé en constellation, ou du héros d'un conte philosophique d'Antonio Callado, l'Expédition Montaigne, qui, remontant le temps, annihile l'histoire et restitue à ses premiers habitants le royaume de Pindorama, nom que les Indiens donnaient jadis à leur terre.

Le Brésil est aujourd'hui un des plus grands partenaires de la France, le premier en Amérique Latine. Ainsi, tant par le rôle qu'elle a joué dans l'histoire politique et culturelle du Brésil que par sa volonté de maintenir vivante une coopération adaptée et diversifiée, la France demeure une des références fortes du Brésil.